La Bête de Benais (Introduction)
A Benais au XVIIe Siècle, un "loup" terrorise la population.
C'est à La fin de l'hiver 1693 qu'un Loup manifesta sa présence dans La région, en s'attaquant à Saint-Patrice à un enfant de neuf ans, qu'il dévora en partie. Cinq jours plus tard, une mère retrouva dans les landes de Continvoir les restes de sa fille Antoinette, âgée de sept ans.
En mars, c'est à Benais que Le Loup fit deux nouvelles victimes, des adultes cette fois. En avril, on ne parlait plus d'un Loup, mais de « La bête », tant la réputation de l'animal était établie. Elle tua une jeune fille de dix-sept ans aux Essards, puis le lendemain une femme de Restigné et onze jours plus tard une bergère de Saint-Patrice. On dénombra quatre nouvelles victimes en mai puis huit en juin, dont une femme et son enfant à Bourgueil.
L’intendant de la Touraine, Monsieur de Miromesnil, organisa des battues, et écrivit dans son rapport qu'en juin 1693, en moins de six mois donc, « Les loups ont tué autour de Benais plus de soixante-dix personnes et en ont blessé autant » Et malgré les recherches, « La bête » continua: deux bergères égorgées en juin à Continvoir, un père tué en défendant sa fille à Ingrandes, trois autres victimes en juillet à Benais et aux Essards et fin août une femme de soixante quatre ans dévorée à Benais ainsi qu'une fillette et deux autres femmes à Bourgueil. Puis tout cessa jusqu'à l'hiver suivant. La population était terrorisée, et les battues se multiplièrent. On parvint à tuer deux loups, mais « La bête » attaqua encore un garçon de dix-huit ans aux Essards en décembre et deux autres jeunes à Saint-Michel-sur-Loire en janvier 1694.
La dernière victime fut signalée début août, puis plus rien, au grand soulagement de la population. Il est possible qu'à force d'être chassée « La bête » s'il n'y en avait qu'une, ait quitté la forêt de Benais pour des bois moins dangereux, peut-être plus à l'Est, du côté de Tours. Les registres paroissiaux de Fondettes et de Saint-Cyr signalent en effet plusieurs enfants dévorés. « La mauvaise bête continue à faire un ravage épouvantable », écrit le curé de Fondettes. Il semble s'être agi d'un couple de loups particulièrement agressif, qui au total s'attaqua à une centaine de personnes, petits pâtres isolés ou femmes âgées surtout. On comprend la peur qui régna sur la région de Benais pendant des années, car cinquante ans plus tard on y parlait encore de « La bête » Le soir à La veillée, pour faire peur aux enfants!
Le 9 juin 1751, un jeune berger est attaqué et dévoré à Nouzilly, au Nord de Tours. « La bête » à l'origine du meurtre n'ayant été vue, on mettra le crime sur, le dos des loups qui, décidément, ont les épaules très larges. Cependant, le corps mutilé du pauvre garçon fait immanquablement penser aux tristes exploits dont était capable la Bête du Gévaudan. Mais que l'on en juge à la lecture de la descrïption du cadavre, établie par le curé chargé d'inhumer le corps:
«L'enfant de la Charité qui demeuroit chés votre métayer des Fosses Rouges y gardant les 6 bestiaux, fut dévoré et mis en pièce à huit heures du matin par les loups carnassiers et je l'enterrai à midy un quart. On apporta à l'église les tristes restes de son cadavre enveloppés dans Ie tablier d'une femme et couvert de ses habits plein de sang. La Beste lui avoit coupé la Trache artère et une partie de la joue droite, lui avoit mangé une cuisse séparée du corps jusqu'au genouil ; en sorte que l'os de cette cuisse tout rongé par la partie supérieure étoit dégarnie de chair comme s'il l’avait raclé exprès par un couteau. La Bête pour dévorer les intestins lui avoit mangé tout le ventre et rongé les côtes. De tous ses viscères il ne restoit qu’environ un pied de boiau et une médiocre partie de la rate » Cet animal redoutable ressemblait en tous points, y compris comportementale à la « Bête du Gévaudan ». Pour s’en convaincre, il suffit de prendre connaissance de la relation qu’en faisait, alors le curé de Varennes : « Ces bestes estoient presque de la façon d’un loup, sinon qu’elles avoient la gueules plus grande. Lorsqu’elles voyoient des personnes, elles le flatoient à la manière d’un chien, puis lui sautoient à la gorge… »
Il semblerait que la « Bête de Benais » soit de la même espèce que la «Bête du Gévaudan »
Source: Touraine Insolite